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Entretien avec... Guy Lebel
Entretien avec...
13 novembre 2007

par Robert Richard


À 42 ans, Guy Lebel a déjà une feuille de route impressionnante même s’il vous dira qu’il est un gars « ben ordinaire ». Auteur, compositeur et interprète, il vient de lancer « Où es-tu? », son tout premier album. Depuis longtemps, Guy cherche à prendre la parole sur Dieu qui est sa source intérieure. Guy travaille au Service des couples et des familles du diocèse de Nicolet. Depuis juillet 2003, il partage sa vie dans un mariage chrétien avec France Ramsay avec qui il connaît de grandes joies. Ensemble, Guy et France ont aussi connu un moment terrible, incompréhensible, qui n’a pas altéré cependant leur foi en Dieu.

Robert Richard

Guy Lebel, le chant et la musique occupent une grande place dans votre vie?

Oui, et depuis plusieurs années. Pour moi, le bonheur réside dans le fait de pouvoir exprimer qui on est. Par le passé, pour diverses raisons, j’ai vécu longtemps dans le mutisme. Jusqu’à un certain point, j’étais bien là-dedans, je n’avais pas à me prononcer. Puis, j’ai découvert l’importance de la parole donnée et l’importance donnée à la parole. Je réalise aujourd’hui que la musique et le chant m’ont sauvé la vie. C’est pour moi une forme d’expression. Ça me permet de respirer.

Vous composez donc et vous écrivez?

Oui. C’est pour moi une façon d’identifier mes sentiments, de les exprimer et j’y trouve bon accueil de la part des gens. Ce sont eux qui m’ont encouragé à continuer en ce sens. Déjà, à la fin de mon cours primaire, je sentais que je m’exprimais mieux quand je chantais que par mes paroles.

Et votre famille?

Je suis né dans un milieu rural, au Lac-Saint-Jean. Je suis le troisième d’une famille de six enfants où nous vivions une solidarité très forte. On faisait beaucoup de place à la musique chez nous. Un jour, une cousine m’a dit : « Tu devrais devenir chansonnier ». Dans ma tête, je lui ai répondu : « Impossible! » J’étais très timide à l’école, mais je « tripais » sur Paul Piché, Michel Rivard, Richard Séguin, Styx, les Beatles…

Comment un gars timide en vient à produire son premier disque?

Curieusement, ça a commencé par les sports. Je pratiquais surtout des sports individuels. Puis un jour, un coach m’a dit : « Fais-toi confiance, t’es capable! ». Ça m’a choqué sur le coup, mais je me suis mis à pratiquer tout seul de mon côté puis, tout a débloqué et j’ai trouvé confiance en moi, en mes propres capacités. Je suis même devenu capitaine d’équipes. Ensuite je me suis mis à faire de la musique avec d’autres jeunes de l’école. Beaucoup plus tard, dans un moment très difficile que je traversais, un prêtre âgé m’a donné une poignée de main et m’a dit : « Guy, fonce! » Cette parole-là m’a donné un élan de courage incroyable! Si bien que j’ai voulu en faire une chanson qui apparaît aujourd’hui sur mon album. Je suis très reconnaissant à l’endroit de ces personnes qui m’ont fait confiance et je voudrais faire de même pour d’autres à mon tour. À ceux et celles qui hésitent à croire en eux, j’ose dire : « Vas-y, fonce! ». Déjà j’ai reçu quelques témoignages de jeunes et moins jeunes qui, en écoutant cette chanson, ont senti un élan nouveau de confiance monter en eux jusqu’au point, pour une personne, de se lever et d’aller porter son CV lors d’une recherche d’emploi.

Quelle est la qualité que vous appréciez le plus chez les autres?

Le respect qui s’exprime dans une capacité d’accueil de l’autre dans son mystère pour lui ouvrir l’avenir, un avenir possible auquel il ne pense pas nécessairement. C’est un peu ce qui est arrivé avec moi.

Une parole qui vous guide dans votre vie?

Phare au coucher du soleil« Dieu est amour ». C’est une parole de la Bible, dans la première lettre de saint Jean, mais c’est aussi mon expérience de Dieu. Je sais que je suis inconditionnellement aimé comme un fils par un Dieu qui est Père. Puis, dans le contexte mondial actuel, où on se sert des religions pour justifier nos conflits humains, cette parole « Dieu est amour » est pour moi comme un phare.

Inutile de dire que Dieu est important dans votre vie…

Oui, je suis convaincu que Dieu veut un Guy Lebel heureux, libre, debout, réussi… C’est pour moi une conviction profonde. Des personnes m’ont mis au monde et ont « mis Dieu au monde » dans ma vie. Moi, je veux faire de même et particulièrement par mes chansons. Ma mission, c’est un peu de mettre des mots sur des réalités invisibles, spirituelles, mais non moins réelles. Je veux que ça devienne quelque chose d’incarné. C’est d’ailleurs pour ça que Jésus est venu et c’est la mission qu’il nous confie : rendre concret et visible l’amour de Dieu.

De quoi notre monde a-t-il le plus besoin actuellement?

D’une parole qui rend libre, comme j’en ai reçu une de ce coach dans les sports, de ce prêtre qui m’a dit « fonce! », et des personnes qui m’influencent encore. Notre monde a besoin de personnes enracinées dans une profonde liberté spirituelle, capable de donner elles aussi une parole qui rend libre.

Quel a été le plus beau moment de votre vie?

Le jour de mon mariage avec France en 2003. Elle reste la personne que j’aime le plus au monde. C’est une expérience intense que nous vivons elle et moi.

Guy, on vous accorde de réaliser trois souhaits. Quels seraient-ils?

1. Que tous les humains se sentent solidaires les uns des autres, surtout en prenant le parti des plus faibles.
2. Que chaque être humain puisse expérimenter au moins une fois dans sa vie que Dieu est amour pour pouvoir le choisir ensuite.
3. Que notre fils Antoine soit vivant sur cette terre. Je sais qu’il est vivant… en Dieu. J’aurais aimé le voir grandir auprès de nous. Sa mort, tout à fait inattendue dans les heures précédant sa naissance, reste pour moi la plus grande peine de ma vie. Son absence a créé un immense vide.

Malgré la mort d’Antoine, vous avez continué de croire que Dieu est amour?

Oui. France et moi avons crié vers Dieu notre douleur, mais pas pour l’accuser. Pour la vivre avec Lui. Il n’est en rien responsable de cet événement. Il a plutôt souffert avec Antoine et avec nous. Nous croyons aussi que Dieu-Amour a été fidèle à travers tant de solidarités exprimées à notre égard par des personnes autour de nous. Vous dire que je comprends tout? Non. Mais je demeure convaincu que Dieu est amour.

Parlons encore de Dieu. Pouvez-vous nommer trois autres qualités pour le décrire?

1. Vérité.
2. Bonheur (en terme de relation avec Dieu et avec les autres)
3. Pauvre (au sens de dépouillement : Dieu ne garde rien pour lui et il n’a rien pour moi d’un despote assis sur son trône).

Vous vous retrouvez au Paradis… avec quelles personnes aimeriez-vous discuter et pourquoi?

D’abord avec Antoine. C’est présentement la seule vraie consolation pour moi de savoir que je vais pouvoir le connaître au Ciel. J’y crois vraiment.

J’aimerais discuter avec Jean-Sébastien Bach, savoir la pièce qu’il a écrite et qu’il aime le mieux. J’aimerais aussi connaître ce qui l’habitait lorsqu’il composait, quelle émotion… Ça m’impressionne de penser qu’il a voué toute sa musique à Dieu.

Parlez-nous d’une personne qui a eu sur vous une influence majeure?

C’est France, mon épouse, sans contredit. Avant d’être ma femme, c’était déjà mon amie, celle qui m’a encouragé le plus à être moi-même. Elle croit en moi. Sa bonté m’inspire. Elle m’aide à ne pas paniquer quand ça ne va pas bien, quand je vis de la colère ou un échec. Dans mon album « Où es-tu? », il y a une chanson où je parle de France. Ça va comme suit : « Avec toi, je me sens meilleur qu’avant. Avec toi, la vie prend toujours le dessus. »

Enfin, qu’aimeriez-vous dire aux visiteurs du site Souffle.ca?

Michel Rivard, sur son dernier album, a écrit une chanson : « Confiance, confiance, mon p’tit bonhomme… » Il y a une p’tite bonne femme, un p’tit bonhomme en chaque être humain qui a un profond besoin de reconnaissance et d’appréciation. Il faut s’en occuper de cet enfant! Dieu aussi le sait… et nous invite sans cesse : « Confiance, confiance! » Nos deuils, nos blessures qui nous poussent parfois à nous taire, à ne plus faire confiance ou à arrêter de vivre, il est possible de les traverser avec quelqu’un… avec Quelqu’un. La vie prend toujours le dessus quand on est quelqu’un pour quelqu’un. Cet espace inviolable par rien ni personne, cet espace intérieur de rencontre est à notre portée. Et c’est plus simple qu’on le croit d’y accéder.

Vous pouvez émettre un commentaire sur cet entretien ou faire une suggestion à l’adresse : [email protected]. Vous pouvez en savoir plus sur le disque « Où es-tu? » en consultant le site officiel de Guy Lebel : www.guylebel.com.


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